Marcher - Marcher avec Wanda Sykes

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Wanda Sykes : Oh, j’adore aller marcher. Pas juste pour l’exercice, mais aussi l’occasion de discuter avec mes amis. Vous savez j’adore marcher avec ma femme. J’aime surtout la camaraderie, c’est ce que je préfère. Alors je suis contente de vous avoir avec moi aujourd’hui, et je suppose que vous aussi, parce que c’est pour ça que vous m’écoutez la ramener.

[MUSIQUE D’INTRO]

Sam Sanchez : C’est Place à la marche, où certaines des personnes les plus intéressantes et inspirantes au monde partagent des histoires, des photos et des chansons qui ont influencé leur vie. Wanda Sykes a abandonné un boulot confortable pour poursuivre une carrière dans le stand-up. Aujourd’hui, elle est une auteure, actrice et comédienne qui a remporté deux Emmy awards. Pendant cette marche, Wanda parle de ce qu’elle a appris après avoir fait un flop sur scène et de comment saisir une chance a tout changé pour elle.

Wanda Sykes : Nous marchons dans une réserve naturelle. C’est à environ 25, 30 minutes de Philly. Il y a un peu de neige sur le sol, mais il fait soleil, et j’aime ça parce que, vous savez, il a fait très froid dernièrement. Alors c’est comme une vague de chaleur. Ça fait du bien d’être dehors.

[SON DE LA MARCHE]

Beaucoup de gens ne savent pas ça, mais, avant de faire du stand-up, je travaillais pour l’Agence de sécurité nationale. Oui, la NSA, habilitation de sécurité top-secret, la totale. J’habitais dans la zone à la frontière du Maryland et Washington. Et quand tu vis là, tu finis par bosser pour le gouvernement d’une… d’une façon ou d’une autre. Alors j’ai bossé là-bas et ça m’a plu. J’aimais les gens. J’aimais la mission.

Mais, au fond, je savais que j’étais faite pour autre chose dans la vie.

Alors j’y ai réfléchi. C’était genre, “Qu’est-ce que tu devrais être en train de faire ? Pourquoi es-tu ici sur la terre ? C’est quoi ton don ?”

Et j’ai toujours aimé la comédie, mais je ne me suis jamais engagée sur cette voie à l’université parce que, d’un, je ne pensais pas que mes parents auraient payé pour ça. Et de deux, je ne connaissais personne personnellement qui avait choisi cette voie.

Alors j’écoutais la radio sur le chemin pour le boulot, et la station de radio organisait un concourt de talent. Et la comédie était une des catégories.

Quand je suis arrivée au boulot, bien sûr, vous savez, j’ai fait mon travail, et puis j’ai écrit quelques blagues.

Puis je suis allée au club et j’ai vu le manager, je crois, il a dit, “OK, tu fais quoi ?” Je lui ai sorti quatre ou cinq blagues, et il était genre, “Bien, ça marche. Reviens dimanche.”

Dimanche arrive, et je suis toute excitée, et vous devez savoir, je n’avais encore jamais été dans un club de comédie, jamais, même être sur scène comme ça à faire du stand-up. Tout ça, c’est nouveau. Alors j’arrive là-bas, il y a les chanteurs, les danseurs, et puis c’est le tour de la comédie. Il y avait genre deux autres humoristes ce soir-là. L’un d’eux était, vous le connaissez sûrement, Tony Woods, il est, genre, une légende de Washington. Il venait juste de se lancer aussi.

Je monte sur scène, et comme ça, dès le départ, boom, des rires partout. J’aimerais pouvoir me souvenir de certaines des blagues que j’ai dites. Et je ne faisais que casser la baraque. Je ne savais même pas que je cassais la baraque. Je me disais juste… parce que c’est ce que je voyais à la télé, OK, c’est comme ça qu’on fait. Tu dis une blague, les gens rient. Tu dis une blague, les gens rient. Je n’avais aucune idée à quel point c’était spécial et rare. Je savais juste que j’adorais ça.

Je descends de la scène, et l’animateur, Andy Evans, qui est aussi une légende de Washington, il fait “Non, mais, tu étais où ? D’où est ce que tu sors ?” Et j’étais genre, “Eh bien, je bosse pour la NSA.” Et il dit, “Mais je ne t’ai jamais vu dans les clubs de comédie ou ailleurs.”, et je dis “Ouais, je ne sais pas où sont les clubs de comédie.”

Alors, je me dis, genre, “OK, c’est clair que j’ai déjà gagné. Alors je vais juste attendre qu’ils annoncent les gagnants.” Et puis c’est le tour de Tony Woods, et Tony a de super blagues. Le public rit, mais c’est comme ça que c’est censé se passer n’est-ce pas ? Tu dis une blague, et ils rient. Mais j’ai pensé que j’avais mieux. Ils ont annoncé le gagnant, bien sûr, Tony Woods. Je n’étais pas contrariée, vous savez ? J’ai juste dit, “OK, je n’ai pas gagné cette fois. Je gagnerai la prochaine fois.” Vous voyez, je me suis senti bien. J’ai adoré ça, être sur cette scène et voir les gens rire, juste à cause de quelque chose que j’ai dit. J’étais genre, “Voilà, c’est ça.”

Le jeudi soir était, je crois, le seul soir de scène ouverte. Je l’ai fait quelques fois, et puis un mois est passé. La compétition était lancée de nouveau. Alors j’étais genre, “OK, je gère cette fois.” Je suis si confiante que j’invite toute ma famille : ma mère, mon père, mon frère, quelques bons amis. Et mes parents n’avaient aucune idée de ce qui se passait. Ils étaient, genre, “Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu… ça veut dire quoi, tu fais de la comédie ?”

Alors je vais sur scène, et cette fois, je fais genre, “Tu sais quoi ? Je… je vais faire un truc nouveau parce que, ces gens ont déjà vu ce que j’ai fait la dernière fois. Alors je devrais faire quelque chose de nouveau.” Encore une fois, sans avoir aucune idée de comment marche la comédie.

Alors je monte sur scène, nouveau truc et boom. C’est… c’est, genre, vraiment mauvais. Genre, au début ils sont polis et se contentent de ne pas rire, et puis les chaises commencent à bouger… C’est une grande salle de fête. Les gens sont juste inconfortables. Oh, et cette femme au premier rang, elle me regardait comme si elle n’en pouvait vraiment plus de moi, genre, “Beurk ! Pitié, que quelqu’un l’arrête.”

Alors maintenant je déballe juste blague après blague et… Et ça va de mal en pire parce que maintenant ils ne savent même plus à quel moment j’essaie d’être drôle. Mais quoi qu’il en soit, j’arrive à la fin de mon numéro et dis au revoir, et ils en arrivent presque à me faire une standing ovation parce qu’ils sont si contents de me voir quitter la scène.

Alors je descends de scène et, bien sûr, je dois faire face à ma famille. Et ma mère pouvait, comme, voir la douleur sur mon visage. Et elle m’a juste embrassé, puis a dit, “Écoute, ne t’en fais pas pour ça. Ces gens ne représentent rien pour toi. On se fiche de ce qu’ils pensent. Tu as un bon emploi administratif. Et maintenant tu peux juste oublier tout ça.”

OK, alors je rentre chez moi, et je n’ai pas pu dormir cette nuit-là. Le jour suivant, je ne pouvais pas manger. J’étais juste misérable. Et même mes amis me disaient que j’avais une drôle de mine. C’était… c’était juste évident. Ça se voyait que quelque chose n’allait pas avec moi. Je n’étais plus moi-même. Et j’appelle Andy, je dis, “Andy, je n’arrive pas à m’y faire. Je ne peux pas manger, dormir, je me sens juste misérable.” et il dit, “Oh, tu es une comédienne.”

Je fais genre, “Quoi ?”

Il dit, “Ouais, c’est ce qui arrive quand tu fais un flop. Et tu vas continuer à te sentir comme ça jusqu’à ce que tu remontes sur scène et que tu fasses un carton.”

Et c’était, quoi, un lundi. Alors je devais attendre jusqu’à jeudi. Et beaucoup de choses m’ont traversé l’esprit. Vous savez, du genre, “Est-ce vraiment important pour toi ?” Le truc c’est que j’avais juste ce… de retrouver ce que j’avais ressenti la première fois que je suis monté sur scène. Et puis je me demandais, “Hé, alors il se passe quoi si tu retournes sur scène jeudi et tu fais encore un flop ? Tu vas faire quoi ?” Je fais, genre, “Oh, mon dieu. Je, je ne peux… je ne peux pas vivre comme ça. Je ne peux pas continuer à me sentir comme ça. Et si j’abandonnais tout et que je ne retournais pas sur scène ? Et peut-être que cette sensation finira par disparaître.”

Mais elle ne disparaissait pas et ça me rongeait. Et je savais à quel point c’était important pour moi. Je savais à quel point je désirais cela. Et je savais à quel point ça aurait été facile de juste dire, “Tu sais quoi ? Ma mère a raison. On s’en fout de tout ça. Je vais juste retourner à la NSA, travailler encore plus dur… et juste profiter du confort.” Je ne pouvais pas vivre comme ça.

On est finalement jeudi, et je fais, “Je vais remonter sur cette foutue scène.” Alors je me rends au club. Bien sûr, je… je suis nerveuse et j’attends mon tour, j’attends mon tour. Et ça n’a pas du tout aidé de voir des comédiens passant avant moi, faire eux aussi un flop. Alors je monte sur scène, et cette fois, je suis assez maligne pour au moins dire les blagues qui, je le sais, marchent. Alors je commence avec la plus drôle d’abord, il y a des rires, pas d’énormes rires, mais c’étaient des rires et c’est tout ce dont j’avais besoin.

Ça c’était bien passé. Toute cette peine que je ressentais et cette… Mes épaules se sont détendues. J’avais de l’appétit. Tout allait, allait bien. Tout se passait bien.

Je n’arrêtais pas de me rappeler ce que mes amis me disaient, vous savez ? “Hé, tu es si drôle. Tu devrais monter sur scène.” Et je pense que je le savais aussi, mais je n’avais jamais voulu tenter le coup. Je ne savais pas comment faire, ou peut-être que je n’étais pas prête. Mais dès que je l’ai fait, c’était genre, “OK, c’est ça mon don. C’est ça mon destin. C’est ce que je suis censée faire, et ce sera difficile. Il t’arrivera d’être embarrassée des fois. Il t’arrivera d’être humiliée. Mais c’est pour ça que je suis ici.”

Alors nous connaissons tous cette petite voix, n’est-ce pas ? Celle qui nous dit ce que nous devons faire. Vous savez ce que vous devez faire. Vous savez ce que vous voulez faire. Vous savez, tentez le coup. Écoutez-la parce qu’on ne sait jamais. Vous savez quoi ? Hé, soit ça marchera soit ça ne marchera pas. Mais au moins vous aurez essayé, et ça vous prépare, ça vous rend plus fort pour la prochaine fois.

[SON DE PAS DE PIEDS SUR LA GLACE]

Il y a un peu de glace qui s’est formée ici alors je dois me concentrer, si je ne veux pas glisser et m’écraser le c***** sur le sol. Ça ne serait pas cool. Et il faut toujours rester cool.

Je suis une comédienne à plein temps, j’ai quitté le Maryland. Je suis maintenant à New York, ça devait être en 2000, 2001. J’écrivais pour “The Chris Rock Show”, le même “Chris Rock Show” qui avait remporté l’Emmy. Eh, ouais, c’est vraiment super. Je fais partie du syndicat. J’ai une assurance santé. Oh, mon Dieu.

Le show vient de finir sa saison alors nous faisons un break. Et mon ami, Lance Crouther, qui écrivait aussi pour… “The Chris Rock Show.”

Donc Lance avait décroché un boulot pour une émission de HBO, “On the Record with Bob Costas”. Ils avaient une fête de clôture de prévue. Et moi je suis une grande fan de sport. Alors je suis avec Lance quand il fait genre, “Hé, je dois y aller. Je dois me rendre à cette fête de clôture de Bob Costas.”

Donc, je dis “Emmène-moi.”

Et il fait, “Wanda, s’il te plaît. C’est pour le boulot.”

Et je fais, “Allez, je vais bien me tenir.”

Puis il me fait un regard du genre “Eh, Wanda, s’il te plaît”, et je le suis.

Je suis comme une petite sœur, “S’il te plaît, emmène-moi.”

Je lui dis, “Écoute, je promets, je vais juste entrer prendre un verre. Je vais m’asseoir au bar et manger un morceau, et je… je ne ferai pas un bruit. Tu n’entendras même pas le son d’un clin d’œil de moi.”

Et il dit, “Très bien.” Alors à l’instant même où nous passons la porte j’attrape un verre, je lui montre… je lui dis que je vais au bar. Mais Rick Bernstein, Il est le producteur exécutif, le chef des sports chez HBO, il repère Lance et fait “Hé, Lance,” et lui fait signe de venir. Vous savez, je ne voulais pas être impolie, parce qu’il nous faisait signe à tous les deux, j’ai suivi derrière Lance.

Alors Lance se retourne et me regarde et je fais genre, “Allez, le gars est en train de t’attendre. Allez, on y va, on y va.” Alors on arrive là-bas. Il me présente et je suis très poli, “Merci de m’accueillir parmi vous.” Et Lance fais genre, “On ne s’attendait pas à toi ici, mais merci d’être là.”

On passait un bon moment. Il y avait de la nourriture et beaucoup de boissons. Je jette un coup d’œil et je vois Bob Costas. J’adore Bob, il tenait une assemblée, je veux dire, genre, une vraie assemblée. Tout le monde est juste là à écouter Bob. Et Bob n’arrêtait pas de parler et de parler. Puis Rick pose une question quand il y a une pause du… monologue de Bob, et Bob se lance à nouveau. À ce moment je me dis, “OK, ça va.” Et Je fais, “Bon sang, Bob, pourquoi ne donnes-tu pas une chance à quelqu’un d’autre ? Tu sais, je sais des choses, moi aussi.”

Tout le monde se retourne et me regarde, et Lance est genre “Oh, mon Dieu. Je peux déjà oublier ce boulot.” Et je dis, “Hé, Bob, tu sais ce qui serait bien, si juste… juste une fois, on te posait une question et tu répondais, ‘Je ne sais pas.’ Oh, mon Dieu. On adorerait ça.” Et je dis, “Tu sais vraiment tout.” Tout le monde rit et je continue d’incendier Bob, et ils sont tous en train de mourir de rire. Et Rick Bernstein, il rapproche sa chaise de moi. Et Bob est aussi en train de rire, et là on est tous en train de parler. Tout le monde bavarde, nous parlons de sport et je suis juste en train de mitrailler tout le monde.

Maintenant Lance se sent un peu mieux parce que tout le monde rit, mais il pense encore qu’il va se faire virer. Alors quand il voit venir Rick Bernstein lui, il se dit “OK, ça y est… c’est l’heure. Tout est fini.”

Et là il dit, “Écoute je veux ça à la télé. Je veux ça. Alors pourquoi vous ne passeriez pas au bureau cette semaine pour qu’on voie comment on va mettre ça” genre, en pointant vers moi, “dans les sports.” C’est une blague ? Je vais à une fête et je dis à Lance que je vais bien me tenir. Et puis je fais, “Tu sais quoi ? Je vais être moi.” Et maintenant j’ai un rendez-vous avec le chef des sports de HBO.

Alors Lance et moi nous allons au rendez-vous, et il nous parle des différents shows, et là il fait “Inside the NFL”.

Et je fais genre, “J’adore ‘Inside the NFL’. Nous le regardons tout le temps. J’adore. Je sais beaucoup de choses sur le football.”

Alors il dit, “OK, parfait, voilà ce qu’on veut, vous. On va vous envoyer aux matchs, vous donner accès là où vous voulez. Vous y allez et vous produisez une vidéo. Vous filmez. Vous éditez. Et vous nous ramenez juste la vidéo.”

Vous n’allez jamais croire certains des endroits auxquels on avait accès. Vous savez ? J’ai été à, quoi, trois Super Bowls. Ouais !

J’étais… J’étais à la Nouvelle-Orléans quand les Patriots ont gagné pour la première fois. C’était vraiment amusant. c’était Media Day, et tout le monde harcelait Bill Belichick pour savoir qui allait lancer le jeu Drew Bledsoe ou Tom Brady. Et nous avons fait cette vidéo où je m’étais habillée comme un reporter de la vieille école. J’avais le chapeau, et le trench-coat. Et je hurle, “Coach, coach, coach, coach !”

Et il fait, “Ouais.” En… en pointant sur moi.

Et là je fais, “Je sais que tout le monde ne fait que parler de ce truc de quarterback. Je veux savoir qui va shooter dans cette balle. Le jeu est appelé football. Je veux savoir quel pied sera derrière cette balle?”

Et les autres vrais reporters m’ont regardé, genre, “C’est qui ce clown ? C’est qui ce clown ?”

Nous avons réussi à remporter trois Emmys avec ce show, Tout ça… juste en disant à Bob Costas de la fermer. J’adore Bob. C’est un super Gars.

Et vous savez quoi ? Avoir parlé à ce moment-là m’a ouvert tellement de portes. En ouvrant ma grande bouche, j’ai gagné une nouvelle audience, et c’est arrivé parce que j’ai parlé. J’étais, genre, “Je ne vais pas juste rester là et me taire.” Vous devez parler, vous savez ? Être entendu. Vous voyez une ouverture, et vous êtes genre, “Tu sais quoi ? Voilà ma chance. Ça, c’est mon opportunité.” Saisissez-la.

[SOUND OF FOOTSTEPS]

Ha ! C’est bon d’être dehors, à marcher, et à profiter de l’air frais. C’était si stressant. Bon Dieu. Je ne sais pas comment me sentir par rapport à tout ça. Vous savez j’ai deux enfants maintenant.

Oh, je devrais vous mettre au courant et ne pas supposer que vous savez tout sur moi, j’ai épousé une femme blanche française. Et nous avons deux enfants, des jumeaux, et ils sont blancs. Alors j’ai une famille biraciale et multinationale. Ouais !

Je me sens même inconfortable à en parler, vous savez, la tension raciale et la situation avec la police, parce qu’en tant qu’Africaine-Américaine, quand on commence à parler de la police, vous savez, et même quand on essaie de dire quelque chose de positif, les gens pensent qu’on est sourde et muette ou alors une vendue. Mais je n’aime pas l’idée que les gens ont que les Noirs détestent tous la police ou que les Noirs pensent que tous les policiers sont mauvais. Ce n’est pas vrai.

Vos expériences, c’est… c’est ça qui vous informe. Et nous avons tous des expériences différentes.

OK, j’étais à l’université. Ça remonte en 85, je pense, 85, 84, à Hampton en Virginie. Alors un soir, je suis en train de conduire. J’avais cette, cette Mustang.

Nous sommes sorties, moi et deux amies. Tracy est de New York. Jeanette des environs de Washington, et je suis de Virginie, mais j’ai grandi au Maryland, vous voyez ? Alors nous sommes sorties pour prendre quelques bouteilles de vin, ou comme on nous aimions les appeler, nos aide-mémoire.

Alors on trouve le vin, et on est en train de retourner au campus, et il pleut énormément. Je veux dire, c’est vraiment le chaos dehors. Et ma voiture tombe en panne. Alors je me gare sur l’accotement et maintenant on se met à réfléchir, “Bon, est-ce qu’on laisse la voiture et essaie de marcher jusqu’au campus ? Nous devons être à environ 3 kilomètres. Ou on essaie d’appeler l’AAA. Qu’est-ce qu’on fait ? Et à quelle distance est le téléphone ?” Rappelez-vous c’est les années 84, 85, alors pas de portable. Nous restons là pendant une minute, on continue d’essayer de redémarrer, mais rien. Et puis tout d’un coup, hou, derrière nous. Alors moi je regarde et je me dis “OK.” Tracy est de New York, elle est genre, “C’est la police. Ils vont… Nous sommes en Virginie. Nous sommes dans le sud. Il fait nuit. Personne ne sait que nous sommes ici. Ils vont nous tuer.”

Et je fais, genre, “OK, du calme.” Mais dans ma tête, je n’ai rien dit, j’ai pensé “Waouh, elle est vraiment allée de juste une voiture de police, à ‘Ils vont nous tuer. Nous sommes des femmes. Personne ne sait où nous sommes. Nous sommes foutues.’”

Alors, le policier est un vieux monsieur, il descend de la voiture, et fait “C’est quoi le problème ?”

Je fais, genre, “Je ne peux pas… Ma voiture est en panne, officier.” Et il regarde à l’intérieur de la voiture et fait, “Sortez de la voiture un instant.” Et Jeannette est genre, “Tu n’as pas à sortir de la voiture. Tu n’as pas à sortir de la voiture.” Et je fais genre, “non, mais calmez-vous ?” Alors je sors de la voiture. Il entre. Il regarde. Et il voit le problème. Alors il met la voiture en, en neutre, et il me dit “OK, voilà… voilà ce que nous allons faire. Je vais pousser. Quand je pousse, tu fais ça. Tu ouvres l’embrayage.”

Alors je remonte dans la voiture. Il continue de pleuvoir, énormément. Mais il va derrière la voiture. Il pousse. La voiture démarre. Je commence à rouler, puis je m’arrête pour dire merci et la voiture tombe à nouveau en panne. Et il commence à me crier dessus, “Pourquoi, diable, as-tu fait ça ? Tu continues de rouler sur tout le trajet jusqu’au campus. Ne t’arrête pas ! Juste… OK, je vais recommencer. Mais cette fois, ne t’arrête pas. Contente-toi de rouler.”

Je fais, genre “Oui, monsieur. Oui, monsieur.” Alors il recommence et la voiture démarre à nouveau. Je me lance, et parce que je suis sur l’accotement, je passe dans une flaque de boue. Et je regarde dans mon rétroviseur, et il est tout couvert de boue, de la boue de la tête aux pieds. Et je me suis sentie mal, mais, j’ai fait ce qu’il m’a dit, j’ai juste continué à rouler.

Mais, lui, il était un bon policier, je me souviens de ça, et c’est un souvenir que je garde.

Mais, ma belle-mère de France, elle est venue nous rendre visite, et elle était avec sa sœur. Et elles sont allées à Philly pour la journée. Et quand elle est rentrée, je pouvais voir qu’elle était… Quelque chose n’allait pas. Elle paraissait physiquement, genre, secouée. Et j’ai fait, “Maman Claude qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’il y a ?” Et elle m’a raconté qu’elles étaient à Philly, et elles sont arrivées quelque part, et il y avait des motos de polices, vous voyez, de belles motos juste alignées là.

Et elle et sa sœur étaient en train de prendre des photos, et quelques officiers de police sont arrivés, et ils étaient très aimables. C’était du genre, “Hé, vous voulez monter sur la moto ? allez-y, montez.” Et elles étaient là pendant qu’il prenait des photos, Et elle a dit qu’il posait des questions sur la France et tout ça. Et puis un groupe d’enfants noirs est arrivé, et ils regardaient les motos.

Et elle a dit que les policiers ont juste changé, juste comme ça, “Éloignez-vous des motos ! Je vais vous coffrer. Dégagez… " Et les enfants se sont enfuis. Et puis les policiers sont revenus à elles comme si de rien n’était, genre, “Allez, prenons cette photo.” Et elle a dit qu’elle et sa sœur étaient genre, “Non, non, non, non,” et elles… Puis elles… Puis elles sont juste parties.

Et elle a dit que ces enfants ne faisaient rien de mal. Ils étaient juste curieux de la même manière qu’elle et sa sœur étaient curieuses. Mais ils ont été traités de manière totalement différente et c’est ça le problème.

Je ne sais pas, je, je pense que même moi, quand je suis dehors avec les enfants ou qu’on est en voiture, ils font, ils font " Maman Boo, un policier. Maman Boo il y a un policier.” Et je me dis “Ho, ce sont des enfants… Ce sont des enfants blancs. Ce sont des enfants blancs. Pourquoi… Ils ont peur eux aussi.”

Je veux dire, je sais bien d’où vient la peur, mais, je ne sais pas s’ils ont peur pour eux ou s’ils ont peur pour moi.

Et puis j’y pense, et je me dis “Tu sais c’est à cause de ce qu’ils ont vu.” Ils ont vu ce qui est arrivé durant l’été avec les manifestations et comment la police était brutale avec les manifestants. Ils, ils entendent… Ces histoires de personnes noires désarmées, vous savez, qui sont abattues. Ils connaissent George Floyd. Alors c’est leur vision, c’est ce qu’ils ressentent.

Mais ils savent aussi qu’il y a de bons policiers. Nous avons un bon ami, c’est un policier. Il est super. Ils l’adorent. Ils sont juste conscients.

C’est comme si, il y avait un temps où si mes enfants m’avaient dit “Hé, Maman Boo, il y a un policier,” je leur aurais dit, “Ça va chéri. Nous ne faisons rien de mal. Ils ne nous feront rien.” Mais ce n’est pas vrai. Et ils savent que ce n’est pas vrai. Alors, vous voyez, je ne vais pas leur mentir. Je n’ai pas les réponses. Je, je ne sais pas quoi leur dire. Je ne sais pas.

Mais vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. Parfois ce n’est pas grave si vous ne savez pas quoi leur dire. Je pense que c’est le temps de l’action. Pas de leur dire comment arriver là où nous sommes. Mais de faire quelque chose pour qu’ils n’aient pas à se soucier de ça. C’est ça, il faut leur parler de ce qui doit être fait pour que les choses changent.

Oh ! oui, c’est une large clairière, et j’aime beaucoup quand la neige est encore intacte. Et il y a cet arbre, et tout ce que je vois, ce sont mes pas qui vont jusqu’à l’arbre. Ce grand, magnifique arbre a son propre espace, c’est comme s’il se la jouait. Mais il est entouré par plusieurs autres, différents arbres, mais celui-ci sort vraiment du lot, du genre, “Je suis spécial.”

Cet arbre, je crois, a une forte voix. Cet arbre, cet arbre veut être vu. Je te vois, arbre.

La musique, ça… ça peut vraiment changer votre journée. Comme, une chanson peut vous remonter le moral. Des fois vous voulez juste danser et vous amuser. Des fois vous voulez chanter l’amour parce que vous êtes amoureux. Vous savez, j’écoute beaucoup de différentes sortes de musique, alors tout dépend de l’humeur dans laquelle je suis ou dans laquelle je veux me mettre. Alors la musique est vraiment comme un remède pour moi.

Sade, oh, mon dieu. J’aime tellement Sade. Ça, c’est quand le temps était venu pour moi de quitter la NSA. J’étais allée à un concert de Sade, et le jour suivant j’ai appelé, toute joyeuse. J’ai appelé mon boss et j’ai dit, “Écoutez, je vais bien. Je ne suis pas malade. Je suis juste trop heureuse pour venir au boulot aujourd’hui. Je peux avoir un congé heureux ?” Et il a dit, “Tu sais quoi, reste à la maison parce que quelqu’un qui a les couilles d’appeler, toute en joie et se montrer aussi honnête, je… Je veux que tu profites de ta journée.” Et je fais, genre, “Ouais, OK, cool.” Mais “Keep Looking” est juste une super chanson, et si vous broyez du noir, et vous voulez y mettre fin, mettez ça.

[LA MUSIQUE S’ESTOMPE]

Ouais. “Keep Looking”.

[MUSIQUE - “KEEP LOOKING” DE SADE]

Swing Out Sister, “Breakout”, c’est une chanson joyeuse. Une chanson qui fait danser. C’est… Ça me donne de l’énergie. Parfois j’écoute ça avant un spectacle.

J’écoute ça avant d’aller à un meeting où c’est, genre, “Tu gères. N’arrête pas de demander. Fais-le.”

[LA MUSIQUE S’ESTOMPE]

J’aime beaucoup les musiques entraînantes. Et celui-ci vous entrainera au sommet.

[MUSIQUE - “BREAKOUT” DE SWING OUT SISTER]

Earth, Wind & Fire, “September”, vous savez, j’aime Earth, Wind & Fire. Alors une chanson de Earth, Wind & Fire, c’est… c’est assez pour combler ma journée. Ils chantent la paix, l’amour et l’unité. Ils me rendent heureuse. Et c’est en septembre que j’ai rencontré ma femme, Alex.

[MUSIQUE S’ESTOMPE]

Alors je devais jouer “September” parce que… juste pour la remercier de me laisser quitter la maison pour une marche. Je pense que ça va ajouter un peu plus d’énergie à vos pas.

[MUSIQUE - “SEPTEMBER” DE EARTH, WIND & FIRE]

OK, eh bien, ça a été fun. J’espère que vous avez aimé, autant que j’ai aimé vous parler tout ce temps.

Je vais retourner à la maison, et probablement faire quelques devoirs avec les enfants, et voir ce qu’on aura à dîner ce soir. Je ne sais pas, je devrais préparer quelque chose. Mais, en tout cas j’espère que vous profitez bien du reste de votre journée.

Merci d’avoir pris le temps de marcher avec moi aujourd’hui.